Le 27 avril revient comme un refrain. Les rues se parent de drapeaux, les discours officiels envahissent les écrans, et dans l’air flotte ce mélange de nostalgie et d’euphorie. On s’en souvient. On célèbre. On applaudit. Mais toi, jeune togolais, jeune togolaise… Est-ce que tu te reconnais dans cette célébration ? Est-ce que tu sens, au fond de toi, que cette indépendance te parle, t’appartient, t’élève ? Ou est-ce juste un jour férié de plus dans un calendrier déjà lourd de frustrations ?
Es-tu libre dans un pays indépendant ?
Car oui, le Togo est souverain. Il a son drapeau, son hymne, son gouvernement. Mais dans ton quotidien, dans ton regard quand tu traverses le carrefour Dekon ou que tu marches vers l’université de Lomé, ressens-tu cette liberté ? Si tu baisses les yeux devant une injustice, si tu retiens tes rêves de peur d’être traité de fou, si tu crois que ton seul salut est un visa pour l’Europe… alors peut-être que l’indépendance ne t’a pas encore atteint. Pas parce qu’elle n’existe pas, mais parce qu’elle n’est pas encore devenue intérieure.
L’indépendance, ce n’est pas un héritage, c’est un projet
L’indépendance n’est pas une relique que l’on contemple dans les musées. Ce n’est pas un trophée enfermé dans une vitrine. L’indépendance, c’est un projet inachevé car chaque jour est une occasion pour nous de bâtir et de faire développer notre patrie puisqu’elle repose désormais sur nos épaules. C’est un projet vivant, qui à besoin de nouveaux bâtisseurs. Il a besoin de ton intelligence, de ta colère, de ta tendresse et de tes mains. C’est là que tout change. Parce qu’être indépendant, ce n’est pas dire « je suis fier d’être togolais ». C’est dire : « je suis prêt à me battre pour que mon pays me mérite ».
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Le vrai patriotisme, ce n’est pas d’applaudir, c’est d’agir
Le vrai amour ne se contente pas de beaux mots. Il agit. Il doute. Il s’indigne. Il recommence. Aimer le Togo, c’est refuser de tricher à l’examen. C’est dénoncer une injustice même quand ça coûte. C’est créer une start-up avec rien, sauf ton talent et ta rage de prouver que l’Afrique peut innover. C’est prendre soin de ton voisin. C’est écrire, chanter, coder, cultiver, enseigner, réparer, soigner… avec conscience.
As-tu choisi ton rôle dans l’histoire ?
Mais alors, quel est ton rôle dans tout ça ? Es-tu là pour suivre l’histoire ou pour l’écrire ? Beaucoup de jeunes croient qu’ils n’ont aucun pouvoir. Que seules les « élites » décident. Erreur monumentale. Chaque révolution commence par un individu qui ose penser autrement. Le Togo attend des milliers de petits réveils. Pas des sauveurs. Des éveillés. Des gens qui refusent le cynisme, la résignation, la peur. Des gens qui veulent que leur vie laisse une trace.
Ce n’est pas facile, tu es fatigué(e), tu vois l’injustice, le népotisme et la misère certes, tu entends ceux qui te disent : “ça ne sert à rien”. Et parfois tu les crois. Mais regarde mieux, tu n’es pas seul. Il y a, dans chaque quartier, dans chaque région, des jeunes qui se lèvent. Qui enseignent gratuitement. Qui inventent, qui construisent, qui soignent, qui soignent même les blessures du silence. Tu n’es pas seul. Tu fais partie d’une génération qui peut tout changer.
Réveillons-nous, unis mais pas endormis
Alors cette année, ne poste pas juste un drapeau en story. Ne chante pas l’hymne les yeux fermés. Ouvrez-les. Pose-toi la question : qu’ai-je fait cette année pour mériter ce mot : indépendant ? Et surtout : qu’est-ce que je vais faire, dès demain, pour que ce mot ait un sens dans la vie de mes frères et sœurs ?
Sandrine TCHAMIE