« Has not been selected », quatre mots qui frappent le cœur de la jeunesse comme une rupture amoureuse. Chaque année, des milliers de Togolais acquièrent le rêve de tenter leur chance pour les États-Unis via la Loterie. Mais pour la grande majorité, la réponse est négative.
Le visa comme symbole de valeur personnelle
Cette loterie ne représente plus seulement un voyage ou un déménagement. Elle est devenue, dans l’imaginaire collectif, une forme de validation. Être sélectionné, c’est être «reconnu». Être recalé, c’est parfois vécu comme un échec personnel. « C’est comme si je n’étais pas assez bien pour réussir ailleurs non plus », confie Nadia, 24 ans, étudiante en droit.
Pour beaucoup, « Has not been selected », c’est un coup de massue, un rappel brutal que le rêve d’une vie meilleure est encore remis à plus tard… ou à jamais.
En effet, pour la plupart, la loterie visa est un moyen de fuir une réalité socio-économique très difficile. Le chômage élevé, la vie chère, et le manque de perspective poussent les jeunes à chercher à tout prix des alternatives.
Lire aussi : Afrobarometer : Près de la moitié des Togolais songent à quitter le pays
Et pourtant, malgré les déceptions à répétition, beaucoup retentent. Parce qu’il faut bien croire en quelque chose. Parce que dans une société où les opportunités réelles sont minces.
Le rêve américain a peut-être changé de forme, mais il reste vivace. Et chaque année, les jeunes gardent l’espoir de voir « You have been selected » s’afficher sur leur écran.
Sandrine TCHAMIE