Une commission d’enquête sur le scandale des anciennes « maisons mère-enfant » pour mères célibataires en Irlande a mis en évidence 9.000 décès dans ces établissements selon le site 20 minutes. Ces derniers étaient tenus pendant des décennies par des religieuses catholiques, selon un rapport publié ce mardi 12 janvier 2021.
Le Premier ministre Micheal Martin, a annoncé qu’il présenterait les « excuses » de l’Etat irlandais dans cette affaire qui a mis en évidence des niveaux « inquiétants » de mortalité dans ces établissements, qui ont subsisté jusqu’à 1998. « Il est difficile de concevoir l’ampleur de la tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre de 9.000 enfants et bébés », a déclaré le ministre irlandais de l’enfance, Roderic O’Gorman.
Des enfants considérés comme illégitimes
Tenues par des religieuses avec l’Etat irlandais, ces maisons, accueillaient jeunes filles et jeunes femmes rejetées par leurs familles. Considérés comme illégitimes, les enfants qui y naissaient étaient souvent séparés de leur mère pour ensuite être adoptés, rompant tout lien avec leur famille biologique.
La commission avait été mise sur pied pour faire la lumière sur le haut niveau de mortalité des enfants dans ces anciennes institutions de la très catholique Irlande entre 1922 et 1998. Le rapport décrit un chapitre « sombre et honteux de l’histoire récente de l’Irlande », a déclaré le Premier ministre, et met en lumière la « culture misogyne » qu’a connue le pays pendant « plusieurs décennies ». Il a notamment souligné les « discriminations graves et systématiques contre les femmes, particulièrement celle qui ont accouché hors mariage ».
« Toute la société était complice »
« Nous avions une attitude complètement déformée vis-à-vis de la sexualité et de l’intimité », « dysfonctionnement » pour lequel « les jeunes mères et leurs fils et filles » dans ces établissements « ont été contraints de payer un prix terrible », a déclaré Micheal Martin. Le chiffre de 9.000 décès représente 15 % des 57.000 enfants qui sont passés par ces établissements pendant la période examinée par la commission d’enquête. « Toute la société était complice », a estimé le chef du gouvernement.
L’enquête avait été ouverte en 2015 dans le sillage des travaux d’une historienne, Catherine Corless. Elle affirmait que près de 800 enfants nés dans l’une de ces maisons de naissance, le foyer St Mary des soeurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l’Irlande), avaient été enterrés dans une fosse commune entre 1925 et 1961.