C’est une page historique que s’apprête à tourner l’Église catholique. À Rome, dans deux semaines, les portes de la Chapelle Sixtine se refermeront sur 135 cardinaux appelés à élire le successeur du Pape François. Parmi eux, 18 sont Africains. Dix-huit voix. Dix-huit regards tournés vers l’avenir d’une Église en pleine mutation. Pour la première fois, l’Afrique catholique avance groupée, forte et audible dans l’un des moments les plus solennels de la vie ecclésiale : le conclave.
Durant son pontificat, Jorge Mario Bergoglio, dit François, a profondément rééquilibré la carte du catholicisme. À travers ses nominations, il a voulu refléter la diversité vivante de l’Église universelle. L’Afrique, longtemps reléguée au second plan, est aujourd’hui au centre de la scène. Non seulement par le nombre 18 électeurs africains , mais surtout par la symbolique : la jeunesse, le renouveau, la foi ardente. La plupart de ces cardinaux ont moins de 80 ans. Ce ne sont pas des figurants : ce sont des décideurs.
L’Église catholique s’intéresse de près à la succession du Pape François.
Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui et premier cardinal centrafricain, fait partie de ces électeurs pour la première fois. L’homme ne cache ni son émotion ni sa conscience des enjeux. « L’intérêt de l’Église catholique primera », déclare-t-il . Derrière cette formule sobre, se cache une aspiration profonde. Que le prochain pape soit un pasteur enraciné dans les réalités de son temps, mais ouvert aux périphéries du monde comme l’Afrique.
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Du Ghana à Madagascar, en passant par le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Tanzanie ou encore l’Algérie, les 18 cardinaux africains reflètent l’immense mosaïque spirituelle et culturelle du continent. Ils s’appellent :
- Fridolin Ambongo Besungu (RDC)
- Ignace Bessi Dogbo (Côte d’Ivoire)
- Stephen Brislin (Afrique du Sud)
- Arlindo Gomes Furtado (Cap-Vert)
- Antoine Kambanda (Rwanda)
- Jean-Pierre Kutwa (Côte d’Ivoire)
- Cristobal Lopez Romero (Maroc)
- Stephen Ameyu Martin Mulla (Soudan du Sud)
- John Njue (Kenya)
- Dieudonné Nzapalainga (Centrafrique)
- Peter Ebere Okpaleke (Nigeria)
- Philippe Nakellentuba Ouédraogo (Burkina Faso)
- Protase Rugambwa (Tanzanie)
- Robert Sarah (Guinée)
- Berhaneyesus Demerew Souraphiel (Éthiopie)
- Désiré Tsarahazana (Madagascar)
- Peter Kodwo Appiah Turkson (Ghana)
- Jean-Paul Vesco (Algérie)
Certains sont déjà bien connus, à l’image du cardinal Robert Sarah, figure intellectuelle influente, ou de Peter Turkson, longtemps pressenti pour de hautes fonctions au Vatican. D’autres incarnent une Église de proximité, au service des pauvres et des marginalisés.
Alors que le catholicisme connaît un net déclin en Europe et en Amérique du Nord, il explose en Afrique. À elle seule, l’Afrique représente aujourd’hui plus de 20 % des catholiques du monde. Un chiffre en constante augmentation. Dans ce contexte, la montée en puissance des cardinaux africains n’est pas seulement symbolique. Elle est stratégique.
Le conclave de 2025 pourrait donc être celui d’un tournant. Celui où l’Afrique ne serait plus seulement le réservoir de fidèles, mais un pilier de gouvernance spirituelle. Et si le prochain pape venait du d’Afrique? Ce rêve, longtemps jugé improbable, n’a jamais semblé aussi crédible.