Maladie, phénomène, manifestation spirituelle, etc., il échappe à une définition précise. Pourtant, il demeure bien présent dans nos sociétés, suscitant à la fois fascination et perplexité. Au Togo, le phénomène dénommé « Alokpli » en Éwé reste insaisissable et tue des jeunes gens en silence. C’est l’un des interdits les plus connus de nos traditions qui toutefois continue par faire des ravages d’après un constat général.
Quelles sont ses causes et ses conséquences ? Comment se manifeste-t-il ? A-t-il une explication scientifique et rationnelle ? Cet article plonge au cœur de cette réalité mystérieuse. Prêts ?
Alokpli : entre tradition et mystère
La nature a ses lois. Nos sociétés africaines ont leurs coutumes, traditions et interdits aussi. Alokpli encore appelé Adzinu en fait parti. Il s’agit d’une énigmatique maladie qui nait entre deux amis proches ayant couché avec une même femme. Ceci en connaissance de cause ou pas. Pareil pour deux amies qui ont partagé un même homme.
Cette étrange réalité se dévoile lorsque les deux ami.es se retrouvent et mangent ensemble ou lorsque l’un.e visite l’autre malade. Dès lors, la maladie se déploie, aboutissant invariablement à un décès brutal du malade. Il convient de souligner que même le simple fait de partager des moments ensemble après avoir couché avec la même femme peut déclencher cette malédiction.
Les signes annonciateurs de l’Alokpli sont apparents lorsque l’un des protagonistes (le malade, en position de vulnérabilité) est frappé de violents hoquets et violents et fréquents pouvant conduire à un étouffement mortel en présence de son ami. Pour les femmes en revanche, la mort ne survient pas brusquement. Par contre, les deux concernées sont en proie à d’innombrables difficultés dans leur vie quotidienne et risquent d’avoir une fin miséreuse.
Ce n’est pas un fait spirituel, mais ontologique, lié à notre être
Le prof Agbati, enseignant à l’Université de Lomé a tenté de donner une explication scientifique et rationnelle à la chose. Dans une émission web, cet homme de science a avancé une hypothèse : « deux hommes qui couchent avec une fille ont les deux, leurs images encastrées dans cette dernière. C’est un problème de magnétisme. Le jour où l’un tombe malade et l’autre vient le visiter, le phénomène se déclenche ».
Cette explication suggère que la femme partagée entre les amis devient un point de connexion magnétique entre eux. Ainsi, lorsque l’un d’entre eux tombe malade, l’autre, en position de force qui le visite, va l’attirer magnétiquement en raison du lien énergétique. Cette attraction déclenche les hoquets et les problèmes respiratoires, conduisant inéluctablement à la mort du malade.
Selon l’enseignant, tous les peuples ne connaissent pas Alokpli. Pour la simple raison que, chez les occidentaux par exemple, les concepts d’ethnie, de clan et de tribu n’existent plus, ou ont presque disparu. Aujourd’hui, le concept de grande société ayant pris le dessus. Tout le contraire dans nos sociétés ou chaque individu a un identifiant tribal. Or cette maladie est liée au sang.
Curable lorsqu’il est décelé à temps
En cas de manifestation d’Alokpli, on peut sauver le malade avec les racines de l’hysope (Kpatima), indique un tradipraticien. Ce dernier confirme la rumeur sur l’utilisation de la merde de chèvre, mais précise que c’est lorsque la situation devient critique qu’on les ajoute à d’autres produits pour en faire un remède d’urgence.
Il est important de noter que l’existence d’Alokpli ne suscite pas un consensus unanime parmi la jeunesse. Kouevi, jeune écrivain, n’y croit pas :
« Mon hypothèse fondamentale est que « Alokpli » est une croyance qui émane des superstitions mêlées de craintes, avec désir latent d’éviter les « mélange » entre gens du même groupe. Ce sont des croyances très utiles pour maintenir l’harmonie dans le groupe et tenir les gens en rang », nous a-t-il écrit.
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Quant à Monique, couturière, c‘est un phénomène réel, ça tue oui, mais ce n’est pas seulement la mort qui en découle… Évitez de coucher avec les copines de vos amis… vice versa.
In fine, nous tenons à préciser que ceci est un condensé des résultats de nos recherches sur le sujet. L’Alokpli demeure une énigme au sein de la jeunesse, soulevant un débat entre croyances profondément ancrées et explications rationnelles.
Quelle que soit la conviction de chacun, cet article se veut une fenêtre sur l’aspect complexe du phénomène. Comme le dit un vieux sage Bassar : « chacun sait pourquoi il vit », donc faites le meilleur choix pour votre vie.
Nabuch Aboubakar