Le verdict est tombé ce mardi 2 juillet 2025 à Manhattan. Après plusieurs semaines d’audiences intenses, le jury fédéral a déclaré P. Diddy non coupable des accusations de trafic sexuel et de racket. Il a toutefois été reconnu coupable sur deux chefs d’inculpation liés au transport de personnes à des fins de prostitution. Une décision qui divise, et qui relance le débat sur les limites du système judiciaire face à des personnalités puissantes.
Procès P. Diddy, une affaire très médiatisée
L’affaire avait commencé plusieurs mois plus tôt, à la suite d’une plainte déposée par l’artiste Cassie Ventura, ancienne compagne de P. Diddy. Elle l’accusait de violences, d’abus sexuels répétés, et de l’avoir contrainte à participer à des soirées sexuelles sous influence de drogues, parfois avec des tiers.
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Ces accusations ont été renforcées par plusieurs autres témoignages, allant tous dans le sens d’un schéma d’exploitation sexuelle dissimulée derrière une image publique de producteur à succès.
Les procureurs ont présenté une série de vidéos, de messages électroniques et de témoignages audio pour établir que P.Diddy aurait organisé des rencontres sexuelles rémunérées, transportant certaines jeunes femmes entre plusieurs États pour participer à ce que les plaignantes ont décrit comme des “soirées privées extrêmes”.
Le jury tranche : culpabilité partielle
Après six jours de délibérations, le jury a finalement écarté les charges les plus lourdes, notamment celle de trafic sexuel, qui aurait pu entraîner une peine de réclusion à perpétuité.
Selon les jurés, les preuves n’étaient pas suffisantes pour prouver l’existence d’un réseau structuré ou d’un système d’exploitation organisé sous le régime fédéral RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act).
En revanche, P.Diddy a été reconnu coupable d’avoir organisé le déplacement de deux personnes à travers les frontières d’États américains dans un but de prostitution. Ces faits, qui relèvent du Mann Act – une loi fédérale datant de 1910 –, sont considérés comme graves et peuvent entraîner jusqu’à dix ans de prison par infraction.
Une défense solide, mais une image écornée
Tout au long du procès, les avocats de Combs ont plaidé la défense du consentement et de l’intimité privée. Selon eux, les rencontres évoquées étaient consenties par les deux parties, et les déplacements n’étaient pas motivés par une intention commerciale ou illégale. La défense a insisté sur le manque de preuves directes, notamment en ce qui concerne l’échange d’argent ou une organisation formelle.
Malgré l’acquittement partiel, l’image publique de Sean Combs sort profondément altérée de ce procès. Les témoignages, bien que juridiquement insuffisants pour justifier les charges les plus graves, ont dévoilé un mode de vie jugé trouble par de nombreux observateurs. Certains y voient une culture du pouvoir et de l’abus, enracinée dans une industrie où la frontière entre le public et le privé est souvent floue.
Quelles suites judiciaires ?
La date de la sentence n’a pas encore été annoncée, mais les avocats de la défense ont immédiatement déposé une demande de remise en liberté sous caution dans l’attente du jugement final. Le parquet, de son côté, pourrait envisager de faire appel de certains aspects de la décision, bien qu’il ait salué le fait que la culpabilité ait été partiellement reconnue.
Selon les experts juridiques américains, les faits retenus pourraient valoir à P.Diddys une peine de prison effective. Toutefois, le profil de l’accusé, ses moyens financiers, ainsi que la complexité du dossier pourraient influencer les conditions de sa peine.
Si la justice n’a pas retenu l’ensemble des charges, le procès aura néanmoins contribué à exposer certaines dérives de l’industrie, où la domination masculine et l’abus de pouvoir restent encore trop souvent invisibilisés.
Sandrine TCHAMIE