Au fil des années, le plus vieux métier du monde, la prostitution, devient de plus en plus modernisé au Togo. Avec l’avènement des réseaux sociaux, les professionnelles de sexe se rendent encore plus accessibles à leurs potentiels clients. Et ce, peu importe la distance qui les sépare.
La prostitution digitalisée ou la prostitution 2.0 comme certains le nomment, comment ça se passe ? Comment les femmes mettent à contribution les réseaux sociaux pour se vendre ? Autant de questions dont les réponses sont à découvrir avec des avis des acteurs qui participent à ce business qui, selon eux, est très juteux.
La première étape à franchir
Selon les informations recueillies auprès des concernées, la première étape pour intégrer ce monde est d’avoir un manageur avec un répertoire assez riche. C’est lui qui met les filles en contact avec de gros poissons (expression utilisée pour nommer les clients). Pour pouvoir mieux proposer les filles à ses contacts, il les goûte d’abord. Le management est donc conditionné par le payement d’une petite somme et d’un casting.
La première étape une fois franchie, les jeunes demoiselles sont déversées sur le marché numérique. Elles ont des comptes basiques, Facebook, Twitter, Instagram et des groupes sur Telegram et WhatsApp
La prostitution dans les groupes WhatsApp et Telegram
L’intégration de ces groupes sur les réseaux sociaux est conditionnée par le payement d’une somme comprise entre 5 000 et 20 000 FCFA, selon les critères de l’administrateur.
« Une fois que vous avez effectué le payement via mobile money, nous vous intégrerons immédiatement. Et pour vous souhaiter une bonne arrivée, nous vous offrirons une fille avec qui vous passerez la nuit. Plus tard, lorsque vous aurez besoin d’autres services, il vous suffira de contacter le manageur et il vous proposera des filles avec les tarifs de leur prestation de services », peut-on lire comme texte descriptif d’un de ces groupes.
Ces groupes WhatsApp et Telegram contiennent une centaine de personnes (pour plus de discrétion). Occasionnellement, ils organisent des séances de partouze pour se « défouler ». Dans le groupe, il est également permis, la vente des produits aphrodisiaques. Tout y est permis, du moment où les moyens financiers sont mis en avant.
Les sites de rencontre
Hormis les réseaux sociaux basiques, elles sont également inscrites sur des sites de rencontre, notamment Tinder et Chat&Yamo. Les deux sites remplissent les mêmes fonctions, c’est-à-dire favoriser la rencontre entre deux personnes. Mais la spécificité de Chat&Yamo, c’est le fait qu’il soit possible d’énumérer vos attentes, particulièrement les objectifs recherchés.
Ce site propose plusieurs choix : « Amour durable », « Amitié », « Mariage », « Flirt », « On verra » (pour ceux ou celles qui sont indécis.es). Pour avoir accès à d’autres options plus intéressantes, il vous sera demandé de payer la somme de 2 000 FCFA valable pour 30 jours.
Dans leur biographie, certaines notifient clairement qu’elles se sont inscrites pour se faire de l’argent avec leur sexe. Et donc, elles refusent catégoriquement toute autre forme de relation.
« Je ne suis pas là pour les relations amicales. Dites-moi ce dont vous avez besoin et je vous satisfais. Évitons les discussions inutiles. Allez droit au but », peut-on lire. Parfois, elles laissent leurs numéros de téléphone pour les intéressés.
Quant à la deuxième catégorie, elles sont plutôt discrètes et s’inventent des métiers en description. Mais seuls les initiés comprennent qu’elles sont des escortes. « Je suis esthéticienne, et je suis disponible pour d’autres services. Je ferai de mon mieux pour vous satisfaire. Je fais également du massage avec bonne finition. Je suis par ailleurs spécialisée dans la décoration des chambres », écrivent certaines. C’est au fil des discussions que vous vous rendrez compte qu’elles n’exercent pas tous ces métiers précités.
Le business des bars et boîtes de nuit
Outre les réseaux sociaux, ces filles sont également présentes à des soirées dans les coins les plus chauds de la capitale. À ce niveau, c’est toute une stratégie qui est mise en place. Le manager d’une boite X, en vue de fidéliser ses clients, contacte ses amis (qui ont des filles à leur disposition) et leur propose de les faire venir à sa soirée. Une fois venues, un salon avec des bouteilles de champagne leur est réservé.
Le plan est simple. Puisqu’elles ont des formes gracieuses, des clients « vicieux » chercheront à les séduire. Ainsi, elles proposent de leur payer à boire. Étant donné que ces derniers espèrent soulever leurs jambes, ils s’exécutent sans broncher. Finalement, le client dépense, les filles boivent gratuitement (tout en faisant des stories sur Instagram), et le gérant se remplit les poches. Et si le client est un beau parleur ou un richard, il arrivera à ramener une chez lui pour éventuellement la partie de jambes en l’air.
Les types d’escorte girl
Selon les informations, il existe deux types : les basiques et les VIP.
Par basique, l’on comprend qu’il s’agit de celles qui ne disposent pas de formes qui peuvent faire baver les hommes. Elles sont sveltes, grandes ou petites de taille, avec des visages innocents. Leurs photos sont envoyées dans ces groupes, avec leurs tarifs (3 000 FCFA pour la mise en contact et 10.000 FCFA pour la prestation de services). Notons que les tarifs varient selon les désirs du client (pipe, sodomie, nuitée, etc.)
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En ce qui concerne les VIP, elles ont naturellement tout pour plaire (formes gracieuses, belles, tailles imposantes, teint parfait, etc). Leurs tarifs sont plus élevés. Ils varient entre 50 milles et 200 milles. Elles sont plus sollicitées par les personnes VIP.
Ces demoiselles prennent le soin de bien soigner leur image. Chaque 2 semaines, elles font des shootings photos qu’elles envoient à leur manageur. Ce dernier se charge de les envoyer aux potentiels clients.
Les travailleuses parlent…
Notons que dans le lot, il y a également certaines qui travaillent seules, sans managers. La plupart sont des Nigérianes venues au Togo pour se chercher. L’une d’entre elles, qui avait proposé ses services contre 10.000 FCFA, mais a finalement réduit à 3 000 FCFA, s’est confiée :
« Ce n’est pas une joie pour moi de faire cela. C’est parce qu’il n’y a pas de travail. J’ai une grande sœur, mais elle ne sait pas que je suis une prostituée. Le jour où elle le découvrira, elle va sûrement m’étrangler. Après avoir fait des allers-retours chez des clients dans la journée, je vais au bord de la route le soir. Mais je ne ferai pas ce travail toute ma vie. Je compte repartir au Nigeria pour trouver un vrai travail ».
Certaines de ces demoiselles ont atterri dans ce domaine à cause du suivisme. Elles ne sont pas fières vis-à-vis de cette situation, raison pour laquelle elles prennent certaines précautions.
« J’ai exercé pendant plusieurs mois au bord de la route. En une nuit, je peux me faire 50 mille, mais ce ne sont pas tous les clients qui couchent avec moi. J’ai une astuce. Au moment de l’acte, il m’arrive de serrer les cuisses sur le pénis de mon client. Il pense qu’il est en train de me pénétrer alors qu’il fait juste des allers-retours entre mes cuisses. S’il se rend compte de la supercherie et décide de me violenter, nous avons des gros bras prêts à intervenir », a-t-elle confié.
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C’est ainsi que la prostitution ou le plus vieux métier du monde se transforme avec les TICs. Loin de faire la promotion de la dépravation, cet article met la lumière sur ces faits qui se déroulent dans notre société, mais qui sont méconnus de la majorité. Et en fait, en quoi consiste le phénomène des Sugar Daddies et Mummies en lien avec la prostitution VIP ? Nous y reviendrons dans un prochain dossier.
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Elom Koumedji