Repris jeudi, les travaux des concertations nationales ont pris fin samedi avec l’adoption d’une charte. A l’issue des trois jours de concertations, la charte de transition a été présentée par les forces vives, samedi soir à Bamako. Selon cette charte, la transition doit durer 18 mois.
Selon le texte adopté, on constate que l’architecture de la transition reste tributaire de la volonté de la junte. Adoptée par acclamation, la charte a été très rapidement rejetée par le M5-RFP .
Une charte adoptée par acclamation
Selon le projet de charte, la durée de la transition est de 18 mois. Quant à l’architecture, le texte ainsi adopté ce samedi charge un comité formé par la junte de designer un président civil ou militaire. Or, ces propositions sont contraires à celles de la communauté internationale et de la Cédéao. Cette dernière avait exigé une transition purement civile, n’excédant pas 12 mois.
Par ailleurs, le texte prévoit aussi trois organes de transition. Il s’agit d’un président, d’un vice-président, d’un conseil national.
Ce dernier sera composé de 121 personnes réparties entre la junte, le M5 et toutes les autres forces vives de la nation. Ce conseil national aura les pouvoirs d’une assemblée.
Parmi ces organes, on trouve le Premier ministre, un gouvernement de 25 membres au plus. Mais le premier ministre civil sera nommé par le président de la junte. A cela s’ajoute un organe législatif dont le chef serait un militaire.
Même si toutes les forces vives de la nation participeront à cette transition, on remarque à travers la charte adoptée que c’est la volonté de la junte qui prime. Pour Youba Bah, le président du parti ADP-Malida, « les concertations se sont déroulées dans une ambiance franche et sereine ». « Nous étions (…) convaincus que le choix du président et du vice (…) ne pouvait revenir qu’au CNSP », a-t-il poursuivi.
Ce qui n’est pas du goût du principal mouvement de contestation ayant conduit au renversement du président IBK. Raison pour laquelle cette charte a été rejetée par le M5-RFP.
Une charte rejetée par le M5-RFP
Face à cette situation, le M5 n’entend adhérer à la charte. Les leaders du mouvement de contestation ont fait connaitre leur ras le bol par des critiques. Pour l’heure, il ne s’agit pas de séparation définitive entre la junte et le M5 mais plutôt d’une brouille.
Toutefois, on se réfère aux propos de Choguel Maiga, président du comité stratégique du Mouvement du 5 juin RFP. Pour ce dernier, c’est « un coup de semonce », une mise en garde à la junte pour qu’elle revoit sa position.
Le communiqué officiel du M5 a été clair en donnant des détails sur la charte après les journées de concertations. Selon le communiqué, la charte adoptée « ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuples malien ». Des exemples ont été donnés à l’appui de ces critiques. Ainsi, au lieu d’un civil ou d’un militaire à la tête de la transition, le choix majoritaire est d’avoir un civil. Il en est de même pour le premier ministre, précise le document.
Plus grave, il y a des rajouts à la charte qui n’ont pas été soumis à débats, ainsi que la non-prise en compte de manière unilatérale de nombreux points.
Dans ces conditions, le M5-RFP dénonce ce qu’il appelle les « intimidations, les pratiques antidémocratiques et déloyales dignes d’une autre époque ». Ces pratiques « contre les quelles la lutte pour le changement et la refondation a été enclenchée », a-t-il indiqué.
Le M5 va plus loin en taxant la junte de vouloir s’accaparer et de confisquer le pouvoir dans son unique intérêt. Pour Sy Kadiatou Sow, « Ce n’est pas démocratique du tout. Le rapport (…) a été charcuté et ne correspond pas à ce qui a été dit dans les groupes de travail », a-t-elle reproché. Sy Kadiatou Sow est une ancienne gouverneure de Bamako et ex-ministre. Elle a dénoncé une « volonté du CNSP de confisquer le pouvoir ». « Nous n’adhérons pas à cette charte », a-t-elle déclaré.
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